Neptune-Saturne, partie 1 : retour en eaux troubles
Rétrospective des 14 dernières années, rien que ça !
Neptune est tout juste entré en Bélier, et Saturne le suivra dans quelques mois. Les deux planètes s’uniront presque exactement cet été, à 1° près, avant de sceller parfaitement cette rencontre en février 2026. À l’occasion de cette transition majeure sur le plan collectif, j’avais envie de vous proposer une rétrospective des quatorze dernières années, en explorant les thématiques soulevées pendant cette période, mais aussi d’évoquer les dynamiques qui se dessineront pour les quatorze années à venir. Ce premier article fait donc partie d’un diptyque d’exploration de la connexion entre Saturne et Neptune entre le dernier et le premier signe du zodiaque.
Des natures différentes
Saturne et Neptune incarnent des forces opposées. Saturne est la planète des fondations solides, de la structure, des règles et des limites claires. Il est le gardien du temps, des responsabilités et des réalités matérielles, nous ramenant sans cesse à ce qui est tangible et vérifiable. Neptune, à l'inverse, est un monde fluide et insaisissable, un océan de rêves et de mystères où les contours flous se redéfinissent au gré des perceptions. Là où Saturne structure, Neptune efface, ouvrant la porte à l’imaginaire et à une autre réalité.
Lorsque ces deux planètes se rencontrent, c’est l’opposition entre l’ordre et le désordre. Saturne veut tout rationaliser, tandis que Neptune ne trouve pas de sens dans les contraintes qui lui sont imposés. Les certitudes du passé ne sont plus aussi claires, et nous nous retrouvons à réévaluer ce qui est réellement « vrai ». Mais cette confrontation peut aussi traduire les idéaux et rêves de Neptune dans une forme plus concrète, et permettre de rendre possible ce qui semblait jusqu’alors abstrait et irréalisable.
Dans Cosmos and Psyche, Richard Tarnas explique que les conjonctions Saturne-Neptune créent des tensions entre différentes visions du monde, comme celles de la science versus la religion. Ce sont des périodes qui remettent en question des vérités établies, et qui, de fait, renforce un scepticisme ambiant. Tarnas note également que cette conjonction peut amener des périodes de forte instabilité économique et politique, car les structures de pouvoir sont mises en crise par de nouveaux idéaux ou des visions utopiques.
Les thématiques soulevées de leur passage en Poissons
Petit rappel des dates : Neptune est entré en Poissons en 2011, signe que lui attribue l’astrologie moderne.1 Elle a été rejointe par Saturne en mars 2023. Cette co-présence des deux planètes est un phénomène marquant en soi : Saturne et Neptune sont liés en Poissons et en Bélier sur une phase s’étendant sur près de cinq ans. Un long cycle qui floute les frontières, déconstruit ce qu’on croyait solide et nous confronte à nos illusions comme à nos idéaux.
Pendant leurs années en Poissons, on a oscillé entre perte de repères et émergence de nouvelles structures. Ce transit a autant nourri de grands élans collectifs que des désillusions profondes, autant renforcé la foi que provoqué des crises existentielles. Saturne a voulu mettre des cadres, Neptune a tout brouillé. Certaines frontières se sont effacées pendant que d’autres se renforçaient, des certitudes ont volé en éclats et de nouvelles réalités ont émergé. Leur lien ambivalent se traduit dans de nombreux domaines.
1. Spiritualité, ésotérisme et religion
Ces dernières années, les pratiques spirituelles et ésotériques ont explosé, portées sans doute par une quête de sens dans un monde ultra matérialiste et incertain. L’astrologie, le tarot, les rituels et tout un imaginaire spirituel se sont popularisés, souvent à travers le prisme du développement personnel. Mais cette vague s’accompagne aussi d’un New Age capitaliste, où la spiritualité devient un produit de consommation, et où certaines pratiques sont vidées de leur sens ou récupérées sans considération pour leurs origines.
En parallèle, la religion – et notamment le christianisme – connaît un regain d’intérêt, surtout chez les jeunes2. Dans plusieurs pays, les discours religieux conservateurs se renforcent, poussant parfois à un retour aux dogmes et à des visions plus rigides du monde. Entre individualisation des croyances et retour à des doctrines plus strictes, la spiritualité se redessine, entre ouverture et repli.
2. Crise du réel
Beaucoup de récits dominants ont été remis en question : des histoires qu’on nous enseigne aux informations qu’on consomme. La méfiance s’est accrue, mais aussi la capacité à creuser, à questionner, à ne plus tout prendre pour argent comptant. Mais du coup, où se trouve la vérité ? Chacun semble avoir la sienne, et on assiste à une explosion des discours politiques manipulateurs, des théories du complot et des fake news. L’IA ajoute une couche supplémentaire, la réalité devient malléable, parfois insaisissable.
“Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez en ces mensonges mais que plus personne ne croit plus en rien.” - Hannah Arendt
3. L’ère du digital, connecté et déconnecté à la fois
Neptune en Poissons a coïncidé avec la montée en puissance des réseaux sociaux, des plateformes de streaming et des IA. Le digital a ouvert l’accès à l’info en temps réel, à la connexion avec des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés, aux mobilisations collectives. On a la possibilité aujourd’hui, d’être en lien avec tout le monde, partout, tout le temps. Et pourtant, on ne s’est jamais senti aussi seul·e3. Alors, est-ce qu’on est vraiment en lien, ou juste totalement déconnectés du monde, scotché·es à nos écrans ?
4. Ce qui nous lie ou ce qui nous sépare
Ces dernières années ont questionné beaucoup de notions autour des identités et des appartenances. En parallèle, on assiste à une montée des discours haineux, des peurs et de la résistance face à la diversité : nationalismes qui explosent, fermeture des frontières et politiques d’exclusion contre les minorités. Pour certain·es, la dissolution de ce qui nous différencie est vécue comme une menace existentielle.
5. La crise climatique
Cette décennie aurait dû faire de l’urgence climatique une priorité absolue. Alors oui, on en a parlé, principalement parce que les catastrophes s’accumulent et que les rapports et études scientifiques sur le sujet sont toutes plus alarmantes les unes que les autres. Mais entre les discours et la réalité, le contraste est brutal. Beaucoup de promesses, peu d’actions concrètes. Et dès qu’une solution est envisagée, elle s’accompagne de levées de boucliers : trop contraignant, trop coûteux, trop radical…
Pendant ce temps, le climatoscepticisme refait surface, alimenté par la peur du changement et les intérêts économiques individualistes et courtermistes. Le sentiment d’impuissance s’est installé peu à peu. On sait que la situation est critique, mais comment agir quand le système lui-même freine le changement ?
6. Santé mentale
Dans les années 2010, la santé mentale émerge dans le débat public, grâce aux réseaux sociaux, aux témoignages publics et à la reconnaissance de la charge mentale et du burn-out dans nos vies personnelles et professionnelles. La pandémie de 2020 a accentué les enjeux autour de la santé mentale, toutes catégories de population confondues. On a aussi vu de plus en plus de personnes chercher des échappatoires en tout genre pour faire face à ce monde de plus en plus angoissant. Parallèlement, la recherche sur les psychotropes thérapeutiques fait son chemin et certains pays ont même légalisés leur prescription à des patients.
Pour autant, la santé mentale est encore trop souvent abordée du point de vue individuel, omettant qu’elle est profondément liée aux conditions de vie, aux inégalités et aux systèmes en place. L’épuisement n’est pas qu’une affaire de résilience personnelle, mais aussi le reflet de structures qui usent les corps et les esprits.
En somme, nous vivons une époque où les contradictions se multiplient : entre quête spirituelle et consommation de la spiritualité, entre questionnements sur le réel et manipulations de l’information, entre hyperconnexion et solitude, entre ouverture et fermeture des frontières, entre urgence climatique et inertie collective, entre prise de conscience de la santé mentale et responsabilisation individuelle. Neptune, principe d’ouverture, et Saturne, principe de structure nous ouvrent la voie vers une nouvelle façon de concilier les idéaux et la réalité. Et si, au lieu de les percevoir comme des opposés, nous les reconnaissions comme des polarités complémentaires, chacune apportant une perspective unique sur la manière d’allier aspiration et action ?
Ce que nous réserve 2025-2028
Dans la deuxième partie de cette newsletter, nous explorerons comment cette rencontre entre Neptune et Saturne se déploiera dans le signe du Bélier. Comment les idéaux de Neptune pourront-ils se manifester dans un contexte plus affirmé, voire guerrier ? Et comment Saturne pourrait-il apporter de la structure dans ce signe où il est considéré en chute ?
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📸 Photo de couverture : NASA sur Unsplash
✨ Ressources pour aller plus loin
Richard Tarnas, Cosmos and Psyche (livre en anglais) → C’est un livre dense où l’auteur explore les relations et les cycles entre les planètes et les posent dans un contexte historique et culturel.
Petit rappel que l’astrologie traditionnelle n’attribue aucun signe aux planètes transsaturniennes que sont Neptune, Uranus et Pluton, tout simplement car elles ne sont pas visibles à l’oeil nu et donc n’étaient pas connues.